La Réunion : un drame environnemental annoncé.
- Ecosocialmag
- 27 avr. 2019
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Dernière mise à jour : 28 avr. 2019
Confrontée à des problèmes de plus en plus croissants, la situation environnementale actuelle de l'Île de La Réunion pourrait passer comme étant banale si l'ont ne faisait pas la liaison entre eux et que l'on se préoccupait de leurs effets présents sans connaître leur origines et leurs conséquences à moyen et long terme.
Si le réchauffement climatique planétaire est de plus en plus fortement ressenti par la population en raison de sa situation insulaire, le phénomène à La Réunion est amplifié par les très fortes interactions entre une surface marine qui l'entoure (l'Océan Indien : 70,56 millions de km²) et terrestre - quasi microscopique à côté - qui subit son influence (l'île fait a peine plus 2510 m²).
Préserver avant-tout ce fragile équilibre doit être dès à présent pris en compte pour que La Réunion ne connaissent pas le triste sort de Haïti, ou plus proche d'elle...
Madagascar.
De quel drame s'agit-il ?
Celui d'un dérèglement sociétal qui perdure depuis plusieurs décennies sur ces deux îles, et qui provient avant tout de la total désorganisation de leur environnement, provenant lui-même de le sur-exploitation de leur ressources pour des profits extérieurs. Ainsi pour Haïti, et d'après les écrits du Docteur Roger Michel, agro-économiste et géographe aménagiste (1) , on résumera le tableau suivant :
(…) Pour ce qui concerne notre pays, aucune action enregistrée dans son histoire n'avait tenu compte des règles de la maintenance de celle-ci ;
(…) ; Sous la colonisation française (1697-1803) elle fut caractérisée par la politique de la spécialisation agraire. Après cette période, le pays fut marqué par une politique d'abandon du système agraire coloniale et de non-renouvellement des ressources agricoles importées qu'on continue à exploiter à des fins commerciales pour la consommation nationale et internationale tout en maintenant le statu quo en milieu rural.
(…) Cette désaffectation brutale de la paysannerie de la terre entraîne le pays dans un cycle de production capitaliste qui considère la terre comme un instrument de profit et non un milieu naturel. On a vu qu'elle a été abandonnée dès lors qu'elle ne pourrait plus s'adapter aux règles du marché international.
(…) Les problèmes écologiques que connaissent notre pays et qui s'accentuent de jour en jour se présentent sous deux aspects. Il s'agit d'une part de la destruction des ressources humaines et de l'autre de celle des ressources naturelles.
(…) Leur principale préoccupation est le plus souvent limitée aux besoins de financement de leurs programmes de développement et la protection de la faune et de la flore est rarement inscrite dans ces derniers, sauf cas exceptionnel et généralement sous pression extérieure. Nous voyons donc la difficulté d'avoir des objectifs de protection de la nature dans un contexte où les hommes et les femmes ne parviennent même pas à se nourrir correctement. Par conséquent la vie animale et végétale est compromise, d'une part, par l'appât du gain et, d'autre part, par le spectre de la pauvreté. Dans les deux cas, la nature est victime d'une injustice économique due à la dégradation des termes de l'échange. Cela a pour conséquence la réduction de la diversité biologique par l'expansion des plantes artificielles et commerciales.
(…) Le pays le plus affecté par ce processus est sans nul doute Haïti dont l'épuisement des ressources naturelles est le plus marqué. Dans ce pays, la végétation naturelle avait fait place aux grandes plantations de canne à sucre, de café, de cacao, de sisal, de figue banane, de coton, d'indigo de caoutchouc etc. Ces mêmes plantations vitales autrefois pour l'économie d'exportation, ont contribué à leur tour, à la détérioration écologique du milieu physique et chimique.
Pour Madagascar, sa déforestation avec celle l'Amazonie est considérée comme l'une des plus dangereuse pour sa population et pour le reste de la planète avec plus de 36000 hectares détruits chaque jour. Les conséquences de cette déforestation restent irréversibles car elles entraînent une cascade de dérèglements qui une fois entamés n'ont pu être corrigés par les diverses campagne de replantation et conversion des forêts : érosion des sols, perte de la biodiversité, sécheresses et famines... Quand il s'agit de « Mada » on parle de « mégabiodiversité » pour celle que l'on considère comme une île/continent... Et pour ce qui est du scénario qui a engendré cet état on peut aisément se référer au même constat que Haïti :
exploitation des ressources sans réguler leur maintien,
sur-exploitation et non-renouvellement des ressources au bénéfice des habitants mais pour des profits extérieurs et/ou particuliers
retard dans le développement de la protection de la faune et de la flore
détérioration irréversible du milieu.

L'intérêt économique d'abord
Aussi, si la situation de l'île reste enviable par rapport à celle de Madagascar ou Haïti, cela provient uniquement du fait que son fonctionnement de département français d'outre-mer permet de compenser son appauvrissement. De plus, au départ l'île n'a que peu de ressources naturelles. Aussi si la gouvernance politique locale s'est félicitée du classement au patrimoine mondiale de ces cirques, pitons et remparts. La démarche n'a en elle même aucun avantage pour la véritable protection de son environnement. Il aurait fallu pour cela avant tout protéger l'espace existant plus bas entre l'océan et les terres. Rien n'a jamais a été fait en ce sens. Et le Réunionnais ne cesse de s'étonner devant un milieu qu'il ne connait pas depuis très longtemps et le surprend (attaques de requin, épidémies, apparition d'espèces invasives) et duquel on le désintéresse puisque l'on ne valorise que les cirques, pitons et remparts au détriment du littoral, de la savane, des bois et des ravines. Pire, cet espace plus que vital pour la pérennité de sa population est en passe d'être littéralement massacré. Ce qui rend plausible une prochaine décolonisation de l'île qui se videra plus vite qu'elle n'a été colonisée puisque devenue moins attractive.
Si pendant des années La Réunion (de même que des îles telles que La Martinique ou La Guadeloupe) est considérée comme « riche » et privilégiée... rien n'est plus relatif. En raison du peu de ressources naturelles brutes exploitables (pas de minerais ou d'énergie fossile). L'île ne prospère pas très longtemps avec l'effondrement successif de ses monocultures (café, vanille, banane, canne...) face aux grands producteurs asiatiques, africains ou sud-américains, elle ne peut pas s'imposer sur les marchés mondiaux convoités par sa métropole. Le Réunionnais n'en a pas toujours conscience mais l'île est vraiment très petite, avec ses 2510 km² elle reste a peine plus grande que le département des Yvelines (2284km²).
Ce qui de tout temps a été considéré comme son principal frein au développement, c'est son réseau routier au trafic difficile entre Saint-Denis et La Possession.
A lire et partager cet excellent article du site web "7 lames la mer" (4) :
«Au 17ème siècle, le projet d’une route directe de Saint-Denis jusqu’à La Possession déchaînait déjà les passions. Quatre siècles plus tard, La Réunion est toujours hantée par ce même débat... En 1956, Yves Pérotin, archiviste en chef, retrace l’histoire sinueuse et rocambolesque de cette route et des projets parfois loufoques qui ont jalonné ces fameux 12 kilomètres ».
Ce sera la route en corniche inaugurée en 1963 et élargie en 1976 qui vaincra définitivement la Montagne. Malheureusement, situé sous une falaise géologiquement instable elle fera 19 victimes d'éboulis jusqu'en 2008. Date à laquelle une nouvelle équipe à La Région décide de lancer le projet NRL : Nouvelle Route du Littoral. Certes au détriment du Tram Train, proposé juste avant par la désormais opposition... mais laissant présager l'entrée de l'Île dans un nouvelle ère de modernité.

Cela est-il appelé à se faire sans reproduire les erreurs du passé ?
exploitation des ressources en régulant leur maintien
exploitation et renouvellement des ressources au bénéfice des habitants et pas pour des profits extérieurs et/particuliers
protection avant toute chose de la faune et de la flore
préservation du milieu
C'est la NRL qu'il nous faut ! En tout cas c'est ce que les réunionnais exprimeront par le biais des urnes. Mais l'Europe et l'Etat s'impatiente de cette volte-face de l'île Bourbon et menace de se retirer totalement du projet : Train ou voiture ? il faudrait savoir !!! Un désengagement de l'Etat et de l'Europe serait catastrophique, car seule, La Réunion n'a pas les moyens de cette ambition...
Mais Didier ROBERT colmate très vite la première brèche du projet en se rendant en 2010 auprès du premier Ministre de l'époque, François FILLON, et obtient de rendre caduc les précédents accords passés entre Paul VERGES et Dominique DE VILLEPIN. Il ne pèse sûrement pas seul sur la balance. Quoiqu'il en soit, une nouvelle affectation de 1,4 milliard d'euros est attribuée à une NRL sans péage et intégrant les voies réservées au TCSP - transports en commun en site propre - (c'est pour les 2000 bus) ; 250 millions d'euros iront à ce TCSP étendu à toute l'île et 300 millions d'euros seront affectés au développement des aéroports de Roland Garros et de Pierrefonds.
Le tram-train est exclu de ces nouveaux accords...
Au stade des études préliminaires (2008/2009), trois familles d’aménagement ont été étudiées et comparées :
une famille de solutions par les Hauts ;
une solution en tunnel ;
une famille de solutions littorales, mixant tunnel et ouvrages en mer ;
Et voici ce que conclura La Région à ce stade :
(…) « La comparaison multicritère de ces différentes familles de solution permet de mettre en évidence que seules les solutions tunnel bas et littorales ne montrent aucun impact fort sur l’environnement (à l’exception de la solution consistant en l’aménagement de la route actuelle en galerie couverte). En effet, globalement, l’ensemble de la planèze du massif de la montagne (incluant les ravines qui la traverse) et les falaises de la route du littoral sont considérés comme des espaces à plus ou moins forte valeur patrimoniale disposant de nombreux enjeux environnementaux : richesse écologique des ravines, cadre de vie préservé, paysages, patrimoine…De ce fait, il apparaît logique que plus une solution de tracé s’insère directement dans les espaces terrestres, plus elle devient impactante et donc défavorable vis-à-vis des différentes thématiques environnementales. La solution tunnel long a également été écartée par l’Etat de même que les solutions comportant des tunnels à la Ravine à Jacques ou à la Ravine à Malheur, la solution en digue présentant à la fois l’avantage d’être de moindre coût et plus satisfaisante en terme de sécurité. Les ouvrages souterrains présentent de nombreux inconvénients, mais c’est cependant un tunnel de 3.700m à l’entrée de Saint Denis qui a été retenu par l’Etat, suivi d’une digue jusqu’à La Possession. Cette solution a été soumise à l’avis d’un comité d’expert. Celui-ci a recommandé le maintien à l’étude d’une solution entièrement en mer compte tenu des nombreux inconvénients présentés par les ouvrages souterrains routiers ».
L'étude se poursuit dans le sens suivant, ou plutôt 2 directions : (...) « l’une associant un tracé en souterrain entre Saint-Denis et Grande Ravine (tunnel sur environ 3700 m), puis maritime entre Grande Ravine et La Possession (digue en mer) ; l’autre, dite variante V2, avec un tracé entièrement maritime entre Saint-Denis et La Possession avec trois combinaisons d’ouvrages digue/viaduc (tout viaduc, tout digue et mixte digue-viaduc) ».
Elle déclinera la variante V2 en V2.2 un viaduc + digue et V2.3 deux viaduc a ce stade on ne parlera déjà plus de la variante tout digue (V2.1 alors ??) qui pourtant relancerait à lui seul le marché du BTP local et du transports VRD !!!...
(…) « En terme de choix d’ouvrage, il ressort de la comparaison multicritère que la variante V2.2 « deux viaducs » est la plus favorable pour l’environnement. La solution V2.3 « un viaduc » arrive en deuxième position, mais est plus favorable au plan financier. La solution avec un tunnel à Saint Denis a été écartée étant notamment d’un coût trop élevé tant en investissement qu’en exploitation. Dans le cadre des études de variantes complémentaires, ce sont donc ces deux solutions qui ont préférentiellement été approfondies et comparées de la fin 2008 à la fin 2009. Ces études portaient sur une route à 2x2 voies. Elles ont ensuite été revues en 2010 pour intégrer des voies réservées pour les bus et ont été dénommées V3.2bis et V2.2bis pour tenir compte du nouveau programme. » (c'est à dire : les accords avec Fillon).
Le choix entre la solution « deux-viaducs » et « viaduc+digue » révèlera une différence de coût estimée entre 140 et 170M€ en défaveur du tout viaduc (soit 10 à 12%) des 1,4 milliards posés sur la table par Matignon. C'est donc la solution viaduc-digue qui est retenue mais en primant un pur calcul financier sans tenir compte de l'impact environnemental sur ces 3 points.

De l'exploitation des ressources sans pouvoir réguler leur maintien
La quantité de matière nécessaire pour réaliser le remblais sera d'entrée de jeu reconnu comme dommageable et au conséquences irréversibles pour l'île car il s'agira au départ d'extraire 11,8 millions de tonnes de roche... une nouvelle montagne !? « 11,8 Mm3 de matériaux seront nécessaires pour la réalisation du projet mais 1,8 Mm3 pourront être apportés par la démolition de la RN1 actuelle, ce qui représente 15 % du volume total de matériaux nécessaires qui pourront être valorisés pour la construction de la nouvelle digue. 10 Mm3 devront donc être approvisionnés de l’extérieur. (...) Les sites envisagés pour l’extraction des matériaux nécessaires, en accord avec les potentialités définies par le Schéma Départemental des Carrières, ainsi que les volumes qu’il est prévu d’y prélever sont à ce stade : Panne (ERM 04) : 1,2 Mm3 (enrochements) ; Mahavel-les-Hauts (ERM 01) : 1,1 Mm3 (enrochements) ; Nouvel Espace-Carrière de Piton Défaud et de Cambaie, regroupant les sites de Plaine Défaud (RG 01) : 5,1 Mm3 (remblais), Cambaie Sud (EC 15-01A, EC 15-01B) : 2,2 Mm3 (matériaux nobles) ; la rivière des remparts : 0,4 Mm3 (enrochements). Ces sites ont été pressentis sur la base d’une analyse du schéma des carrières approuvé fin 2010. Les prélèvements de matériaux sur ces sites ont fait l’objet d’une appréciation des impacts sur l’environnement. D’autres sites pourront cependant être proposés par les professionnels consultés dans le cadre des appels d’offres pour la fourniture de matériaux ».
On ne comprend pas, à ce moment là, l'opportunité de l'appel d'offre puisque le tout additionné fait déjà 10 millions de tonnes et que les 1,8 manquants peuvent être apportés par la destruction de l'ancienne route...
Sauf que, par la suite, au delà de l'étude s'inscrira dans la réalité un besoin avoisinant finalement un pharaonique tas de roche de 18Mm3... oui 18 millions de m3... (La Région sera alertée à ce sujet par la DEAL et la Haute Autorité Environnementale entres autres...).
Là, la Région fait fort puisque ce n'est plus l'exploitation de ressources sans pouvoir les réguler qui dérange, mais le fait d'avoir retenu un projet nécessitant des ressources qui (selon les données au moment de la haute expertise) n'existaient pas...

De l'exploitation des ressources aux profits d'intérêts extérieurs et particuliers...
Plusieurs mois après, un hélicoptère balayera toute l'île pour sonder le sol et trouver le gisement prodigue ! Il semble alors insister sur l'Ouest de l'île.
Et pour cause !
La mine du Roi Salomon se trouve à «Trou d'eau», ou «Ravine du trou», ou plutôt «Bois Blanc» - on se demande pourquoi brouiller les pistes avec tous ces noms alors que pour les gens du coin le quartier s'appelle et s'est toujours appelé « Bois-Blanc ». Un petit coin de paradis entre St Leu ; Etang Salé et Les Avirons.
C'est d'ailleurs le seul vis-à-vis avec la mer pour les Avironnais, jalousement conservé par son Maire historique Michel DENNEMONT (3 décennies à la tête de la Mairie). Pas d'hôtel, pas de cité HLM, pas de zone industrielle ! Niet ! Nada ! Point rien ! Si ce n'est un espace au charme sauvage ou quelques familles de pêcheurs et autres descendant de ti-colons coulent des jours heureux depuis des générations... Un quotidien paisible dans une verdure idyllique si ce n'est un pont de la route Tamarin, concédé il y a peu pour le bien-être général, et qui fait un peu tâche... mais bon... il ne manquerait plus que ces derniers se cotisent en collectif et se dressent contre la ponction de ces précieux cailloux...
Alors là ! Voyez comme la providence est avec le réunionnais.
Puisque la SCPR (Société de Concassage et de Pierre de La Reunion), filiale de GTOI, filiale de BOUYGUES qui avec VINCI et SBTPC forme le Groupement d'Intérêt Economique (économique on a dit... pas écologique) y possède un terrain pile poil posé sur de la roche massive.
C'est formidable ça !
Puisque, on le rappelle, «D’autres sites pourront cependant être proposés par les professionnels consultés dans le cadre des appels d’offres pour la fourniture de matériaux. » Ce n'est même la peine de faire un nouvel appel d'offre puisqu'ils n'en savait rien mais qu'ils les ont, ces roches. Des fois que des minéraux malgaches à 56€ la tonne pleins de virus, germes étrangers et autres scolopendres de Tamatave s'inviteraient à la table...
Comme La Réunion a su économiser 140 à 170 millions d'euros en optant pour le très "raisonnable" mi-viaduc/mi-déblais elle peut se permettre de payer ces galets au même groupement d'intérêt rocheux 70€ la tonne... Un éditorialiste de la place prétendra pouvoir prouver que des roches achetées à 7,90€/tonne à Mada, aurait été revendues 70 à La Pyramide inversée. Mais il n'a pas été pris au sérieux... quoique fréquemment attaqué en justice sans succès par les élus incriminés.

... et la mise en danger de la faune et de la flore
C'est que, sur un si petit caillou, abuser de l’industrie des carrières peut s’avérer dommageable pour l’environnement. Les principales problématiques sont : la destruction d’espaces naturels riches (zones humides, ou riches en biodiversité), d’espaces agricoles, la pollution visuelle (atteinte au paysage), la pollution de l’eau (nappes supérieures et souterraines polluées par des hydrocarbures, des produits d’entretiens, des eaux saturées de poussières), de l’air (poussières, fumées), les mouvements de terrains, et la production de déchets.

Impact hydrogéologique :
Du fait de l’excavation engendrée une carrière peut avoir un impact direct non négligeable sur l’écoulement souterrain des eaux. Ainsi, si l’exploitation se poursuit dans une nappe phréatique ou à proximité de celle-ci, le rabattement engendré pourrait, selon les cas, provoquer l’assèchement des puits ou cours d’eaux environnants. Impact hydrologique :
Il est très fréquent qu’une carrière engendre des rejets d’eau au milieu naturel. On distingue deux origines à ces eaux :
l’eau d’exhaure qui n’est présente que si l’excavation a rencontré un réservoir souterrain.
l’eau météorique qui peut s’accumuler en fond de fouille après avoir ruisselé sur les pistes, les fronts de taille ou les stocks de matériaux.

L’arrêté du 22 septembre 1994 fixe les seuils à ne pas dépasser pour les principaux paramètres devant faire l’objet d’un contrôle pour toute carrière émettant des rejets, à savoir : le pH, la température, les matières en suspension , la demande chimique en oxygène, les hydrocarbures.
Les retombées de poussière :
La production et la mise en suspension de poussière sur une carrière peuvent avoir lieu à différents niveaux de la chaîne de production :
au forage des trous de mines si l’abattage se fait à l’aide d’explosifs ;
lors des tirs de mines éventuel ;
lors du chargement, qu’il s’agisse de produits bruts sur la zone d’abattage ou finis sur la zone de livraison des clients ;
lors du déchargement des matériaux ;
lors du traitement des matériaux : concassage, criblage, broyage ; lors du transport et de la circulation des engins sur les pistes ;
Les exploitants doivent prendre des mesures permettant de limiter l’envol des poussières et selon l’importance de l’exploitation, une mesure régulière des retombées de poussières devra être réalisée.
Les nuisances sonores :
Il s’agit, avec les vibrations liées aux tirs de mines, de la nuisance la plus fortement ressentie par les riverains. On peut distinguer trois sources de bruits : les installations de traitement ; les moteurs des engins en circulation ; les avertisseurs de recul des engins qui sont indispensables à la sécurité du personnel. L’impact sonore d’une exploitation dépend également fortement du sens du vent et du relief du terrain. Le bruit est d’autant plus ressenti par les riverains que les carrières se trouvent bien souvent dans des zones rurales relativement calmes. Il existe différentes méthodes permettant de limiter le niveau sonore. Elles consistent en général à mettre en place un obstacle entre la source de bruit et le voisinage à protéger : installation d’un bardage autour d’une installation de traitement fixe ; mise en place de merlons végétalisés aux alentours du site ; déplacement des installations de traitement vers le fond de l’excavation. Certains matériels sont également moins producteurs de bruits et peuvent être utilisés préférentiellement. C’est le cas par exemple des grilles de cribles en polymères ou de certains systèmes avertisseurs de recul directionnels, à fréquences mélangées, à modulation automatique d'intensité. Les tirs de mines :
Ils représentent la principale source de nuisance des carrières de roches massives. Au-delà des nuisances réelles qu’ils engendrent, les tirs sont surtout une source d’inquiétude pour les riverains des carrières. Un tir de mines consiste en la réalisation de trous quasiment verticaux à quelques mètres du bord du front. Ces trous sont remplis d’explosif et c’est la mise à feux coordonnée de ces explosifs qui permet d’abattre les roches situées entre les trous et la paroi rocheuse.

Le trafic induit :
Les carrières étant fréquemment situées dans des zones rurales, l’infrastructure routière n’est pas toujours adaptée à la circulation de poids lourds engendrée. Par ailleurs, si le trafic induit est amené à traverser un village, il peut représenter une nuisance pour les habitants du village du fait du bruit et du risque engendré par ce surcroît de circulation. Les trajets permettant de rejoindre directement des axes à forte circulation sont donc privilégiés.
L'erreur humaine :
Il est a noter que 340 tonnes de nitrates d’ammonium seront stockés et renouvelés en permanence sur le site pour ses besoins courants. C'est ce même composant qui avait été impliqué dans l'explosion de l'usine AZF qui avait fait 31 morts et des milliers de blessés et de sinistrés le 21 septembre 2001 à Toulouse. Dans la version officielle, l’ammonium n’est pas, à lui seul, la source du désastre. L’une des thèses avancée par plusieurs chimistes est la suivante : les 300 tonnes de nitrate d’ammonium étaient conservées dans "des conditions désastreuses". En contact avec l’humidité, dans des sacs qui n’étaient pas hermétiques, laissés en vrac dans la saleté et surtout, le nitrate d’ammonium était impur, oxydé.
Le contact avec des dérivés de chlore versé par un salarié de l’usine aurait provoqué une réaction chimique. La suite, on la connaît. Certains chimistes avancent qu’un simple contact avec l‘eau peut rompre la cohésion du cristal du nitrate. Que se passera-t-il en cas d'inondation ou de fortes pluie ? (5)
A la conquête de la roche
Face à la pression de plusieurs collectifs de riverains et principalement Touch Pa Nout Roche et suite à 3 consultations publiques révélant l'avis négatif de la population , les prospecteurs ont du revoir leur copie à la baisse concernant les volumes d'exploitation de Bois-Blanc. Mais simultanément d'autres forcing d'ouverture de carrière sont en cours à Bellevue (Saint-Paul) et les Lataniers (La Possession). Enfin puisque c'est l'intérêt économique de plus ou moins 140 à 170 millions d'euros (sur 1,4 milliard) qui a motivé l'importance du choix du viaduc-digue, on ne sera pas étonné que le même souci économique guidera l'exploitation par des multinationales de ces carrières. Qu'en sera-t-il de l'environnement et de l'écosystème d'une petite île de 2500 km² minées par ces gisements de roches massives exploitées simultanément, l'avenir proche nous le dira.
Trois chaines humaines de plus de 5000 personnes, 3 enquêtes publiques avec un avis majoritairement négatif et 3 municipalités opposées au projet n'ont pas réussi a entamer la stratégie du choc organisé par le pouvoir politique en place, pour qui il est hors de question de revenir au viaduc+viaduc.
L'actuelle route est meurtrière, trop souvent fermé suite aux aléas du climat et coûte trop chère à l'entretien et la gestion des basculement - ce qui ne saurait être le cas avec le remblais. Elle doit être au plus vite être remplacée par la NRL dont la finition est ralentie par des collectifs instrumentalisés par l'opposition et les lobbys écologistes.
La Région veille avant tout aux intérêts de la population et veillera à ce que pour les prochaines décennies les quelques de milliers de véhicules qui transitent chaque jour entre Saint-Denis et la Possession puisse le faire en toute sécurité tout ceci pour le plus grand développement durable de La Réunion.
Principale sources : (1) www.potomitan.info/ayiti/ecologie
(2) Déforestation et systèmes agraires à Madagascar: les dynamiques des tavy sur la côte orientale par Sigrid Aubert, Serge Razafiarison et Alain Bertrand - Editions Quae
(4) Dossier d'enquête préalable à la déclaration d 'enquête des travaux – Région Reunion
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